Brique funéraire à décor de cervidé – Dynastie Han
€8,000
Imposante brique sculptée en terre cuite qui s’inscrit dans le corpus des éléments architecturaux funéraires de la dynastie Han, période marquée par une codification symbolique forte de l’au-delà et par l’essor d’un art funéraire narratif et protecteur. La composition, organisée autour d’un grand cervidé en relief central, se développe sur une brique rectangulaire épaisse, aux proportions monumentales. Le cerf est représenté de face, la tête surgissant puissamment hors du plan de la plaque, créant un effet de saillie presque sculptural en ronde-bosse. Les bois, largement déployés et traités de manière stylisée, structurent l’espace supérieur et latéral, occupant presque toute la surface, tandis que les pattes antérieures sont suggérées en léger relief, conférant à l’animal une posture à la fois hiératique et dynamique. Au-dessus de l’animal apparaît un petit quadrupède secondaire, traité de manière schématique, probablement un chien ou un animal domestique, élément fréquent dans l’iconographie funéraire Han, évoquant la garde, la vigilance ou l’accompagnement de l’âme. Les formes sont volontairement simplifiées, privilégiant l’impact symbolique à la précision naturaliste. Le revers, entièrement lisse et non décoré, présente des traces nettes de façonnage, avec stries verticales et irrégularités témoignant d’un moulage ou d’un travail à la plaque, caractéristique des productions architecturales funéraires destinées à être intégrées dans des structures murales ou des chambres sépulcrales. La perforation rectangulaire visible sur la face supérieure suggère un système d’ancrage ou d’emboîtement, confirmant la fonction architecturale de l’objet, probablement intégré à un ensemble plus vaste tel qu’un mur de tombe, un pilier ou un dispositif symbolique de seuil.
La terre cuite, à pâte dense et lourde, présente une patine minérale homogène, aux nuances de gris-beige, marquée par des concrétions, des érosions anciennes et de légères lacunes sur les arêtes, compatibles avec un enfouissement prolongé. L’ensemble dégage une forte présence archaïque, typique de la sculpture Han, où la puissance expressive prime sur le détail décoratif. L’état de conservation est remarquable pour un élément de cette nature et de cette époque. Malgré des usures superficielles, quelques éclats anciens et une érosion généralisée des reliefs, la sculpture demeure parfaitement lisible et structurellement intacte, sans restaurations visibles ni ajouts modernes.
Dans le contexte de la pensée funéraire Han, le cerf occupe une place symbolique majeure. Associé à la longévité, à la prospérité et à l’immortalité, il est fréquemment lié aux croyances taoïstes émergentes et à la quête de l’élixir de vie. Sa représentation au sein d’un décor funéraire vise à assurer au défunt protection, abondance et passage harmonieux vers l’au-delà.
Origine: Chine
Époque: Dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.)
Dimensions: Hauteur : 43 cm ; Largeur : 36 cm ; Profondeur : 24 cm
Provenance: Ancienne collection particulière française.
Cette plaque funéraire en terre cuite constitue un témoignage rare et puissant de la sculpture architecturale de la dynastie Han. Par la monumentalité de son relief, la force symbolique du cervidé et la qualité de sa patine ancienne, elle s’inscrit pleinement dans les productions funéraires de haut rang de cette période fondatrice de l’art chinois. Objet à la fois sculptural, rituel et architectural, il présente un intérêt muséal et patrimonial certain, tant pour une collection spécialisée en art funéraire chinois que pour une présentation institutionnelle. Une pièce similaire est conservée au The British Museum sous le numéro d’inventaire 1914,0512.4.