Chine – Paire de meubles miniatures en terre cuite glaçurée – Dynastie Ming (1368–1644)

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Deux petits meubles miniatures, façonnés en terre cuite et recouverts d’une glaçure verte profonde, semblent surgir intacts d’un monde silencieux, celui des demeures funéraires de la Chine Ming. Leur allure compacte, légèrement élancée, évoque les coffres et armoires que l’on retrouvait dans les maisons de l’époque, ici transposés à l’échelle du rituel et destinés non plus à contenir des objets, mais à accompagner un défunt dans la continuité imaginaire de sa vie quotidienne. Leur façade, structurée de panneaux moulés, se laisse parcourir par la lumière : la glaçure s’y dépose en coulures épaisses, parfois presque translucides, parfois saturées comme un émail encore chaud. De petites zones d’usure, où la terre claire réapparaît, racontent l’enfouissement lent, le contact avec la terre, le glissement du temps. La surface possède cette respiration particulière des objets funéraires Ming : une fragilité noble, une patine dont la douceur s’est formée au fil des siècles. Sur chacun des meubles repose un objet rituel qui parachève leur présence symbolique. Sur le premier, un ding tripode, ramassé, puissant, dont les trois pieds graciles semblent encore prêts à soutenir une offrande invisible. Le vert saturé de sa glaçure, strié de nuances miel, lui confère une densité presque minérale.
Sur le second, un vase balustre, au galbe délicatement étiré, laisse imaginer la présence de liquides sacrés, d’huiles parfumées ou d’essences destinées à purifier l’espace funéraire. Son col étroit et ses volumes sobres prolongent cette esthétique discrète, propre à l’art populaire Ming.

Ces deux miniatures appartiennent à la tradition des mingqi, ces “objets lumineux” déposés dans les tombes pour maintenir auprès du défunt l’ordre, la stabilité et le confort d’une demeure reconstituée. Ici, les meubles évoquent la maison, les objets rituels évoquent le culte : ensemble, ils composent un fragment de vie transposé dans l’éternité. Leur présence est douce, touchante, presque domestique — comme si l’artisan avait voulu préserver, pour le voyage de l’âme, un peu de chaleur familière. La patine, la cohérence des volumes, la glaçure verte typique des ateliers provinciaux et la sobriété du modelé confirment une production Ming authentique, probablement datée entre les15e et 17e siècles. L’ensemble se distingue par son équilibre, son harmonie et la rareté de la paire encore accompagnée de ses récipients rituels d’origine.

Origine: Chine
Époque : Dynastie Ming (1368–1644)
Dimensions : Hauteur 19 cm ; longueur 13,5 cm ; largeur 7 cm
Provenance : Collection particulière française.